Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ATELIER DES CREATEURS
2 avril 2008

Note d'intention

Passeur d'expérience

Choisir de faire un parcours artistique, c’est déjà vouloir regarder autrement, s’engager dans sa relation à l’autre. Eprouver de la curiosité sur le fonctionnement de notre espèce et un profond désir de la questionner.

Faire un film est un désir de rencontre, de relation au monde qui nous entoure, un désir de se poser et de regarder notre environnement dans une volonté de partage. Rencontrer l’autre, c’est parcourir une distance entre deux mondes. À eux deux, ils expriment un mouvement.

De cette matière - rencontre, temps, mouvement - s’imprime sur la pellicule un espace vivant.

L’envie de cinéma, et plus particulièrement de cinéma documentaire, est le recul qu’il faut avec le réel pour traduire une pensée subjective de cette réalité, la plus juste possible. Le regard porté sur le monde a cela de complexe qu’il ne s’explique qu’avec la subjectivité de chacun.

Le cinéma procède de la photographie : écriture de la lumière dans un cadre d’espace et de temps (la pose). Au cinéma comme en photo, nous ne pouvons à la fois cadrer en plan large et en gros plan, filmer de près et de loin : le choix d’une valeur écarte les autres. Le cadre cinématographique limite, contraint le champ visuel du spectateur au rectangle lumineux de l’écran.

Avant de montrer pour mieux montrer, le cadre commence par soustraire à la vision ordinaire une part du visible. Cadrer revient donc à fabriquer un regard fragmentaire. C’est cette notion de la fabrication du regard et de la mise en scène que nous devons chercher à exprimer, ainsi que la recherche du volume à l’intérieur du cadre. L’image plate, sans corps qui parle, est vide. Dans “l’image volume”, les corps parlent avec une infinité de lecture en son centre.

Animer des ateliers vidéo, c’est lire ensemble ce monde avec notre regard. Apprendre avec l’outil caméra, qui sera toujours le prétexte, à aiguiser ce regard. Démystifier l’objet, comprendre qu’il est la manipulation de notre pensée. Apprendre à résister face à une image médiatique et publicitaire qui nous enferme et laisser la liberté au regard critique afin d’y trouver sa place au milieu de la masse d’information.

Vouloir enseigner et initier à la lecture de l’image dans une démarche subjective et d’auteur, c’est permettre à de nouvelles générations de continuer à expérimenter le champ infini de création par l’image. Développer le regard critique et l’œil que nous possédons tous, car chaque individu est un créateur.

La mission principale d’un animateur d’atelier vidéo, c’est être un passeur d’expérience, d’aider l’apprenti - enfant ou adulte - à franchir les étapes pour parvenir à la concrétisation de son objet créatif. Le plus important est la réflexion menée au cours du travail, les sentiments éprouvés (doute, joie, confiance…), le parcours vers l’acte de création. C’est ce pilier qui construira l’expérience et la ténacité.

 

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité